C’est notre dernier jour en terre
américaine : nous reprenons en effet l’avion en fin de journée pour
Londres et Toulouse. Rien ne presse donc au programme : nous avons le
temps de faire nos bagages et d’aller passer quelques heures dans les outlets
de Vegas. La journée débute par un bienfaisant plongeon dans la piscine de
l’hôtel, le Baymont Inn que nous avions déjà occupé en début de notre voyage.
Après un pantagruélique petit-déjeuner,
nous filons vers le nord pour dépenser les quelques dollars qui nous restent en
fringues et en chaussures. Il fait très chaud, plus de 40° et la clim des
boutiques est la bienvenue. Elle incite d’ailleurs à prolonger nos achats.
Dernier suspense :
rentrerons-nous tous nos achats dans les valises ? Il faut jongler avec
nos trois bagages, mais finalement tout rentre à l’aise.
Vers 17 heures, nous prenons le
chemin du retour et du car rental après être passé par un Wallmart pour y
glaner quelques souvenirs supplémentaires d’ordre culinaire : de la viande
séchée (jerky) a priori très prisée par ici !
La restitution du véhicule
s’effectue comme une lettre à la poste, comme le retour vers le terminal 3 via
la shuttle. Ensuite c’est une longue attente qui commence : notre vol,
prévu à 21h15, est annoncé avec près d’une heure de retard…
L'exposition de vieux tacots est devenue une véritable attraction de long de la Mother Road.
Séquence nostalgie au programme
de la journée puisque nous allons emprunter quelques miles de la Mother road, la route 66,
et écumer les gifts shops qui jalonnent notre périple.
A Williams, nous faisons quelques
emplettes avant de gagner Seligman. La ville semble baigner dans son jus depuis
au moins 40 ans : de part et d’autres de la route, les boutiques de
souvenirs vendent peu ou prou les mêmes babioles, évoquant la route mythique.
De ci delà, de vieilles automobiles rappellent l’époque des grosses conduites
intérieures et des vieux pick-up.
Nous prenons notre déjeuner à
l’ombre tout près de la bibliothèque municipale, débordante d’activité !
Tout parait décidément bien mort et figé pour l’éternité.
L’après-midi, la route s’étire
sous un soleil écrasant sur 200 et quelques miles jusqu’à Las Vegas que nous
atteignons vers 19 heures. Les valises sitôt montées dans la chambre, nous
partons nous rafraichir et nous détendre à la piscine de l’hôtel.
Il fait encore près de 40°C. Pour
boucler la journée, nous partons faire un tour dans Down Town, le cœur
historique de Las Vegas.
Nous voulons assister au Fremont
Experience, ce spectacle lumineux et musical qui occupe une longue voute le
long de Fremont Street. Nous ne serons
pas déçu : le nez en l’air nous en prenons plein les yeux et les oreilles
pour pas un rond dans une ambiance de kermesse grouillante.
Nous croisons quelques
légendes : Elvis Presley, Michael Jackson, Superman, Spiderman, des
Transformers, des héros de jeux vidéo et un tas de personnages plus loufoques
les uns que les autres.
Nous allons aussi jeter un coup
d’œil à la fameuse énorme pépite d’or du Golden Nugget.
Grisés par toutes ces
attractions, nous nous présentons trop tard au Buffet de Main street Station où
nous avions projeté de dîner. Finalement nous nous rabattons vers le buffet
chinois du casino Fremont, dans le bruit incessant des machines à sous. Il est
plus de 23h30, lorsque nous décidons, bien fatigués, de redescendre le Strip à
la recherche du Hard Rock Café pour y acheter quelques T-shirts. Nous regagnons
l’hôtel vers 1 heure du matin épuisés. Pas besoin de berceuse.
Ciel radieux lorsque Patrick
s’est levé vers les 5h30. Il a quitté la chambre en catimini pour ne pas rater
le lever de soleil sur le Grand Canyon et profiter de l’éveil de la nature.
Bien lui en a pris : il a tiré quelques clichés du panorama rougissant et
a croisé quelques biches peu farouches au pied du lodge.
Pour ne pas être en
reste, Agnès quelques minutes plus tard, a elle aussi déserté la chambre pour
profiter du calme de ce magnifique début de journée et faire quelques pas sur
le rim trail. Elle n’a croisé qu’une biche nimbée dans la brume mais point de
mari !
De retour à la chambre, la
famille démarre la journée par un petit-déjeuner fait d’improbables flocons
d’avoine gonflés à l’eau chaude ou trempés du yaourt gélatineux, et d’un jus de
pomme local rempli de vitamines. Des vitamines, c’est justement ce dont nous
avons besoin pour entamer cette grande journée de randonnée.
En effet, chose promise chose
due : nous allons descendre aujourd’hui jusqu’à Dripping Spring, une
petite source que l’on rejoint après 5 à 7 heures d’efforts (sur le papier).
La troupe s’ébranle vers 9 heures
et gagne la navette vers Hermit Rest. A 9h30, sacs à dos bien arrimés et
chaussures lacées et bâton en main, la course débute sur un sentier bien moins
facile que la veille.
Le temps a radicalement
changé : le ciel nuageux a laissé place à une tempête de ciel bleu,
promettant une journée radieuse mais chaude. De ce fait, les sacs sont
lourdement chargés d’eau.
Après une descente abrupte, sur
une sente rocailleuse, la randonnée se prolonge sur un plateau puis suit le
bord du second ressaut.
Deux heures après le départ, nous
atteignons cette fameuse source, qui comme son nom l’indique s’égoutte du
plafond d’une voûte.
L’endroit est frais et herbeux,
bien agréable. Pour autant, pas question de s’attarder : après un repas
rapidement expédié, nous prenons le chemin du retour, car la chaleur promet
d’être accablante.
Deux heures et quart après, nous
revoici au point de départ : le retour a été ponctué de pauses pour se rafraîchir et se sustenter pour reprendre des forces.
Une fois de plus nous avons
performé, bouclant la balade en 4h15 pause comprise. Les enfants ont bien
mérité une glace à Hermit Rest.
Nous prenons ensuite le bus pour
faire quelques points de vue en mode détente, tout le long de la rim sud, nous
permettant de voir quelques élans (elks) et condors de Californie.
En fin d’après-midi, il est temps
de gagner notre prochaine étape : Williams, distante d’une soixantaine de
miles, un des sites touristiques de la route 66.
Le Days Inn est rapidement
trouvé, et par chance un Dennys tout proche nous ouvre ses portes pour le
dîner.
C’est l’anniversaire de Camille
qui fête ses 19 printemps mais aussi notre départ de Page et du bord du Lac
Powell pour un site tout aussi extraordinaire : le Grand Canyon du
Colorado.
Le départ est programmé pour 8 heures
car la route 89 (voie normale) est barrée suite à un éboulement en février dernier
ce qui nous oblige un détour par la route sud qui nous rallonge d’environ 50
miles.
Nous passons entre deux orages et
prenons au passage quelques goutes mais rien de bien méchant (pour le moment).
Nous arrivons vers midi à Desert
View point, dominée par la Watch
tower enfin rénovée (nous n’avions pas pu la visiter il y a trois ans, elle
était à l’époque en plein travaux).
La première vue du Grand Canyon
est toujours aussi époustouflante. Tandis que le premier étage accueille une
boutique, comme à peu près tous les édifices sur la Rim sud, nous en profitons
pour grimper jusqu’au dernier étage de la tour magnifiquement restaurée.
Plutôt que de faire un autre
arrêt au visitor center, nous préférons, vu le temps de plus en plus menaçant,
de gagner directement notre hôtel, le Maswick Lodge au bout de Grand Canyon
Village.
De fait, nous aurons tout juste
le temps de nous garer avant que ne déferle sur nous un violent orage de grêle.
La pause déjeuner en extérieur est compromise : on engouffre nos sandwichs
pain-de-mie-jambon-fromage quotidien dans le véhicule.
On voit l’aiguille du thermomètre
dégringoler à vue d’œil jusqu’à 14° C ! Toutefois, le temps d’avaler la
dernière bouchée, l’orage est passé, laissant la voiture aussi propre qu’au
premier jour.
Que faire ensuite ? Nous
avions programmé une longue balade de 11 km et 5 à 7 heures jusqu’à Dripping
Spring, au cœur du Grand Canyon, depuis Hermit Rest. Mais vu le temps, nous
préférons opter pour une solution plus sage : une descente le long de Bright
Angel Trail, l’un des deux sentiers fameux qui rejoignent la rim nord en
traversant le Colorado, 1500 m plus bas.
Depuis le trailhead, plusieurs
étapes sont possibles en fonction de l’enthousiasme et de la forme des
randonneurs ! 3 ou 6 miles aller retour avec un dénivelé de 400 à 600 m.
La descente se fait sans
problème : la piste parfaitement entretenue ne présente aucune difficulté
mais offre de belles vues dans les profondeurs du canyon.
Le ciel, lui, recommence à
s’assombrir. Une jeune ranger, rencontrée au fil d’un des lacets, nous
interroge sur nos intentions, nous prévenant que d’autres orages sont attendus
pour l’après-midi. Elle n’aura pas tors.
Une fois parvenue au premier
point (les premières toilettes et premier point d’eau du trail) au bout de 45
minutes, nous nous scindons en deux groupes, les filles moins courageuses
préférant arrêter les frais et commencer la remontée, tandis que les garçons
s’enfoncent plus avant dans le canyon. Mauvais choix pour les premières qui à
peine quelques lacets grimpés, voient de nouveau déferler toute l’eau du ciel
sur leurs épaules.
Et là pas d’abris en vue :
il faut continuer sous le vent et les trombes d’eau qui rapidement forment des
ruisseaux et des cascades qui ravinent dans la pente.
Au moins, l’orage nous fait accélérer :
en quelques dizaines de minutes, les filles ont regagné la crête. Tandis que
les garçons, de leur côté, ont accéléré le pas dès les premières goutes, pour
se mettre sous l’abri prévu à cet effet au deuxième point bas.
Ils ne sont pas seuls : un
couple de Français et deux groupes d’Anglo-saxons leur tiennent compagnie.
L’attente dure une heure et demie, le temps de transformer le canyon en
véritable déversoir. L’eau formant par endroit de véritables cascades de
plusieurs dizaines de mètres, vient grossir le Colorado déjà bien boueux. Sitôt
l’orage terminé, la remontée s’effectue à un train d’enfer : les 600
mètres sont avalés en moins d’une heure et demie, soit moins que la
descente !!
Pendant ce temps, les filles
trempées mais courageuses ont fait le check-in et vidé les voitures, pris une
douche et ont attendu patiemment en haut de l’abyme le restant des troupes. Une
fois tout le monde lavé et revigoré, nous nous sommes retrouvés pour arpenter
le rim trail, prendre quelques photos du coucher de soleil et faire un petit
tour dans le Grand Canyon Village. Enfin, notre boucle s’est refermée dans le
food court du lodge pour une pasta partie !
Après les efforts de la journée,
pas besoin de berceuse : tout le monde s’est endormi dans la quiétude de
ces lieux magiques.
Camille sous le premier pont de la balade de Wiregrass Canyon.
La couverture nuageuse est
toujours aussi compacte au dessus de nos têtes lorsque nous prenons la
direction de la route 89 qui doit nous emmener vers le nord et le lieu de la
balade d’aujourd’hui : Wirepass et Buckskin Gulch, sur la House rock valley road.
Cette piste sujette aux flash
flood, croise au bout de quelques miles, un large et profond wash,
malheureusement impassable pour nos véhicules. Nous devons renoncer, d’autant
que le temps ne s’améliore pas, le ciel fonce d’heure en heure.
Nous décidons de tenter une autre
balade, plus près de Page, le Wiregrass canyon, que l’on atteint par une autre
bonne piste à partir de Big Water. Là à quelques kilomètres du lac Powell, le
décor est lunaire : des collines grises et jaunes, de la roche pourrie qui
s’effrite.
Nous parvenons sans difficulté au
trailhead et nous nous enfonçons dans le wash, presque à sec. Au bout d’un mile
environ nous rencontrons le premier pont naturel promis et continuons à
progresser, repérant difficilement les cairns laissés par nos prédécesseurs.
Les hautes murailles du canyon
d’abord resserrées se sont élargies. Nous décidons de déjeuner là, plutôt vite
fait, car la pluie menace. Echaudés par notre expérience de Grand Wash dans
Capitole Reef, nous décidons de faire demi-tour, tant pis pour le second pont
naturel.
Le retour se fait sous les
gouttes, et au pas de charge une fois de plus. Nous n’aurons pas plus de
difficultés à parcourir sur la piste les quelques miles qui nous séparent de la
route 89.
Comme il est encore tôt, nous
décidons d’aller admirer Horse Shoe Bend, au sud de Page. L’endroit très peuplé
est toujours aussi grandiose.
Il faut pourtant écourter la
visite car les orages menacent au dessus de nos têtes. Des deux côtés,
l’horizon est bouché par des nuages noirs et les éclairs luisent.
Sous les gouttes une nouvelle
fois, nous regagnons la voiture. Quelques minutes plus tard, la pluie se fait
plus vive et comme nous faisons des courses pour le repas du soir au Wallmart,
nous entendons sur le toit du magasin l’orage s’abattre enfin.
Hallucinant ce qu'on peut manger aux Etats-Unis.
Boueux et mouillés, nous
regagnons l’hôtel pour prendre une douche bien méritée puis un repas terminé
par un demi gallon de glace, excellente au demeurant !